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Du MVP au MLP – entretien avec Nicolas Girard

Nicolas Girard est un « créatif pratique » pour qui un projet doit répondre à 3 enjeux : obtenir une expérience utilisateur optimale, répondre aux objectifs stratégiques du client, et personnaliser le design pour différencier et favoriser la mémorisation de la marque. Il a collaboré avec l’Aleph pour créer la version MLP (Minimum Lovable Product) du widget de collecte intégré à notre solution numérique d’analyse des émotions xenia. Dans cet entretien, il nous livre sa vision de ce projet et ce qui l’a marqué.

Faire ce projet, c’était comme trouver un diamant, on le polit, et on commence à révéler les choses […] J’ai eu envie de relever ce challenge de sortir de la version bêta pour arriver à quelque chose de plus beau et de moins compliqué, qui plait et qui parle au grand public.

 

L’Aleph : Bonjour Nicolas, tu as refait récemment le design et l’univers graphique de notre solution numérique xenia. Peux-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours ?

N.G : Je suis un « enfant » de la bulle internet. J’ai d’abord fait une formation commerciale, travaillé comme vendeur, et commencé à apprendre l’infographie tout seul car ça me plaisait. En 2000, je suis entré dans une startup qui recherchait des profils atypiques comme moi, et là j’ai tout appris sur le tas. Cette époque était une espèce de parenthèse merveilleuse dans mon parcours professionnel. J’ai découvert un métier qui me passionnait, et me passionne toujours. J’ai ensuite rejoint Monster où j’ai travaillé 10 ans comme directeur artistique, et pendant cette période, d’anciens collègues qui avaient gardé un bon souvenir de moi me recommandaient de temps en temps pour faire des missions en freelance. En 2013, j’ai été licencié, et l’idée de me lancer à mon compte m’est apparue comme une évidence. Depuis 2014, je gère et réalise des projets graphiques print et digitaux pour tous types de clientèles (associations, TPE, grands groupes, etc.) en France et partout dans le monde.

 

L’Aleph : Quel infographiste es-tu ? Comment décrirais-tu ton positionnement ?

N.G. : Aujourd’hui, infographiste est un mot valise derrière lequel on met un peu de tout. Pour ma part, Je fais du web design, du print, de l’UX/UI, et également du conseil dans la création de supports de communication. Je ne suis pas juste dans l’exécution. Mes clients arrivent avec une problématique, je me l’approprie et j’essaie de proposer ce que je juge le plus adapté. Je conseille et j’accompagne mon interlocuteur dans son projet. Ce qui me distingue le mieux, à mon avis, c’est que je ne suis pas un « créatif artistique », mais un « créatif pratique ». Personnellement, je tente toujours de répondre à trois enjeux au même temps : me mettre à la place de l’utilisateur final pour une expériences utilisateur optimale, avoir une approche ROI réaliste et proactive pour répondre au besoin stratégique du client, et proposer un design original et personnalisé pour faciliter la différenciation et la mémorisation de la marque.

Ce dernier point me touche énormément. Depuis une dizaine d’années, il y a une standardisation des sites web en termes d’expérience utilisateur avec des structures claires et efficaces. C’est une bonne chose vu l’anarchie qui régnait un peu avant. Mais en contrepartie, il y a eu un appauvrissement graphique, par facilité ou par paresse. On demande aux créatifs de faire vite et souvent la même chose, et du coup tous les sites se ressemblent. On le voit surtout chez les TPE/PME qui ont souvent des sites web basés sur la même structure et les mêmes thèmes WordPress sans beaucoup d’originalité.  Je trouve cela très triste et dommage. D’ailleurs, Quand Ariane Flahault est venue vers moi avec les couleurs de l’Aleph, du rose, du vert, du violet, j’ai trouvé ça très frais, très original, ça m’a tout de suite attiré.

J’ai ensuite complètement adhéré au côté éthique de l’outil xenia : il n’est pas consumériste, il n’est pas haineux comme dans la plupart des avis qu’on laisse surtout quand on n’a pas apprécié l’expérience, et on est dans une approche orientée vers le vivre-ensemble et le partage de l’expérience

L’Aleph : Justement, qu’est-ce qui t’a plu dans le projet xenia par l’Aleph ? Qu’est-ce que tu en as pensé avant de commencer ?

N.G. : Ce qui m’a d’abord attiré était le challenge. Ariane est venue avec son problème. Elle m’a montré l’outil qui n’était pas très beau, pas très esthétique. Elle l’a ensuite contextualisé, m’a expliqué sa raison d’être, à quoi ça sert. J’ai alors vu tout le potentiel derrière. Plein d’idées me sont venues à l’esprit. Faire ce projet, c’était comme trouver un diamant, on le polit, et on commence à révéler les choses. Pour quelqu’un qui fait mon métier, c’est quelque chose de génial. On a une énorme marge de manœuvre et la montée en puissance est immédiate. J’ai eu envie de relever ce challenge de sortir de la version bêta pour arriver à quelque chose de plus beau et de moins compliqué, qui plait et qui parle au grand public.

J’ai ensuite complètement adhéré au côté éthique de l’outil xenia : Il n’est pas consumériste, il n’est pas haineux comme dans la plupart des avis qu’on laisse surtout quand on n’a pas apprécié l’expérience, et on est dans une approche orientée vers le vivre-ensemble et le partage de l’expérience. Enfin, le dernier point qui m’a attiré était l’approche émotionnelle qui m’a tout de suite paru très pertinente.

C’était un énorme travail d’amélioration et d’harmonisation graphique pour plus de fluidité et de lisibilité […] J’ai à chaque fois déplacé le curseur, tout en gardant en mémoire que c’est le développeur qui mettait tout ça en œuvre. Il fallait donc que ce que je proposais soit faisable quand ça se transformait en code.

L’Alpeh : Peux-tu nous expliquer brièvement ce que tu as fait concrètement ?

N.G. : Globalement, j’ai travaillé sur deux axes : le graphisme de l’interface et l’expérience utilisateur. C’est surtout le moulin, la xeniagraphy, qui était le plus gros chantier. C’était un énorme travail d’amélioration et d’harmonisation graphique pour plus de fluidité et de lisibilité. C’était lourd, il y avait beaucoup de chiffres. Avec Ariane, nous avons revu l’approche et la lisibilité de l’outil, remis en avant la météo, tenté de recentrer les explications. J’ai à chaque fois déplacé le curseur, tout en gardant en mémoire que c’est le développeur qui mettait tout ça en œuvre. Il fallait donc que ce que je proposais soit faisable quand ça se transformait en code.

L’Aleph : En plus de cette contrainte de faisabilité, quelles étaient les autres difficultés que tu as rencontrées dans la redéfinition du nouveau graphisme de xenia ?

N.G. : Des contraintes techniques, on en rencontre toujours. Mais la grande difficulté était de savoir ce qu’on pouvait garder ou pas. Il y a eu plusieurs étapes d’évolution, et nous savions que nous pouvions aller plus loin dans l’amélioration. En arrivant à la dernière version du moulin, les informations avaient bien changé (les jauges, le concept de la météo qui était exploité de manière confuse, beaucoup de chiffres). Je pense que je suis finalement arrivé à quelque chose qu’Ariane avait en tête quand elle a créé l’outil. Ça c’est toujours un beau challenge pour moi : essayer de matcher avec ce que les clients imaginent consciemment ou inconsciemment au fond d’eux.

Pour moi, xenia est une alternative émotionnelle et qualitative à tout ce qui se fait actuellement en termes d’avis et de retour d’expérience.

L’Aleph : Et finalement, comment as-tu vécu ce projet ? Qu’est-ce que tu en retiens ?

N.G. : En plus du projet lui-même, j’étais très content de la confiance qu’Ariane m’a faite alors qu’elle ne me connaissait pas puisque c’était la première fois que nous travaillions ensemble. Souvent, on attend que je sois force de proposition dans un contexte fermé. Là j’étais libre en respectant l’esprit d’origine. Je me suis beaucoup impliqué, et à chaque nouvelle maquette, je déplaçais le curseur plus loin, toujours en échangeant avec Ariane, jusqu’à arriver à un résultat satisfaisant. Quand elle m’a envoyé le travail final du développeur, que je n’ai pas rencontré, j’étais aussi très content, car il a rendu fidèle ce que j’imaginais. C’était un travail d’équipe réussi.

L’Aleph : Avec tes mots, comment décrirais-tu xenia ?

N.G. : Pour moi, xenia est une alternative émotionnelle et qualitative à tout ce qui se fait actuellement en termes d’avis et de retour d’expérience. Quand on lit les avis sur Internet, on réalise que ce sont souvent des gens pas contents qui les laissent. Les résultats sont présentés comme si c’était objectif, alors que c’est subjectif. Il faut lire beaucoup de commentaires pour se faire une idée. Xenia est une autre approche plus exigeante, où on fait le jeu de l’émotionnel. Ça fait mille fois plus écho à l’expérience. C’est une manière de monitorer les ressentis que je trouve très intéressante.

 

Perception de la marque xenia par Nicolas Girard (voir la xeniagraphy complète)

 

 

 

 

 

 

L’Aleph : Pour finir, comment décrirais-tu ton expérience avec xenia, en utilisant les mots-images qu’elle propose ?

N.G. : En haut du podium, je dirais : « exploration », « la voie des autres » et « temps libre pour respirer ». En deuxième position : « rencontres improbables » et « hasard des rencontres ». Et sur la troisième marche « à contre-courant » puis « marcher sur les traces de ».

Pour en savoir plus sur Nicolas Girard : https://www.ngcrea.fr/